Esquisse d’une pratique à usage personnel

par | 11 Avr 2020 | Archives => 2023 | 0 commentaires

UN APPEL POUR SE RAPPELER A SOI

 » Revenu en Suisse  » après un séjour enrichissant, retours insouciant, j’ai compris à mon grand regret que j’étais dans l’obligation d’arrêter mon activité …je me permets de vous rappeler mon invitation à pratiquer en cours de journée de bref temps de rappel à Soi. Pour la plupart des occidentaux que nous sommes, les basses couches du mental sont souvent si dominantes et créatrices de souffrance que seule une présence corporelle peut conduire à un meilleur équilibre de Soi

Jean-Jacques nous rappelle l’importance de devenir son propre analyste ou thérapeute. Dans un courrier il a adjoint des suggestions permettant une présence à Soi qui, selon son expérience toute subjective, peuvent être une grande aide pour favoriser le processus d’individuation que propose C.-G. Jung.

Touchée par la simplicité et la profondeur de ces propositions je lui ai fait part de l’envie de partager celles-ci. Je le remercie pour son ouverture et sa réponse positive.

Jean-Jacques

 Psychothérapeute ASP
Psychologue Analyste SSPA
Thérapeute par le jeu de sable SSTJS

Pourquoi tant d’attention à Soi, dans son organisation psycho-corporelle ? Cette attention participe à l’équilibre de Soi, elle est constituante d’un alambique suffisamment solide pour accueillir ce qui nous constitue et en favoriser la maturation, l’intégration, « l’alchimie » de l’Être pour reprendre un mot de Carl-Gustav Jung, la « métamorphose de l’esprit » comme l’écrit Thich Nhat Hanh.

Que ce soit lors d’un bref rappel de Soi ou d’un temps plus long, les questions essentielles sont :

Qu’est-ce que je ressens? quels sentiments, émotions, affects, pensées, m’habitent?

Beaucoup d’entre vous ont fait l’expérience qu’avec un ancrage différent, la même situation intérieure ou extérieure peut être vécue différemment

Exercices proposés par thèmes et régions corporelles

Le souffle

Il nous accompagne du 1er au dernier instant de vie d’une manière facilement identifiable par nos sens. Il est donc une référence de base. Porter une attention non intellectuelle à la manière avec laquelle nous nous laissons inspirer, jusqu’au bout, ce qui crée un mini temps d’arrêt, puis expirer jusqu’au bout, nouveau temps d’arrêt, créer une respiration en quatre temps. Un des défis, c’est de ne pas interférer avec une respiration volontaire.

Le petit socle

Sentir la manière avec laquelle les pieds embrassent la terre, sont en contact avec l’énergie tellurique, la gravité, la pesanteur.

Sentir comment cette énergie se prolonge dans les racines au-delà de la plante des pieds et remonte jusqu’au bassin. Selon la posture, le socle est constitué des ischions et des pieds ou des ischions et des genoux.

La verticalité

A partir du socle et du souffle, la colonne trouve progressivement sa place entre terre et ciel et se prolonge dans la tête, par la pratique, sans effort et surtout pas de manière volontariste.

Terri Sharp

La largeur et l’épaisseur, le corps et les bras

Porter l’attention sensitive aux épaules, aux bras, aux mains qui dans les délicats mouvements du souffle peuvent révéler la largeur et l’épaisseur du corps dans ses légers mouvements. Le socle largement et solidement établi et ressenti de l’intérieur de Soi dans ses manifestations et ses interrelations corporelles, une division de l’attention peut s’installer. L’accent sera mis sur la mobilisation des cinq sens et des groupes de muscles de l’engagement social, de l’ouverture aux autres et, par résonance, à des parties de Soi plus proches du Cœur et de l’Esprit.

L’oreille et l’espace auditif

 

 

Accueillir les bruits extérieurs et intérieurs, par exemple, ceux du souffle, de la digestion

Le regard, les yeux et les mouvements des muscles oculomoteurs

Pratique d’orientation, regard proche, éloigné, vers le haut, vers le bas, à gauche, à droite

L’odorat et les muscles faciaux

 

Conscientiser les muscles du nez, les muscles entre la bouche et les yeux. Les mettre en mouvement nous conduit à faire le clown!

Le goût

 

 

Conscientiser les muscles de la bouche. L’image du lapin ou autre rongeur peut être un support pour les mobiliser.

La peau et l’orientation

La peau est l’organe le plus spacieux. Elle est présente quand les narines accueillent le souffle…, elle est présente dans le ressenti des pieds…, elle est présente quand nous mobilisons la région atlanto-occipitale qui comprend de nombreux muscles. Cette mobilisation, en tournant la tête à droite, à gauche, en haut, en bas, est fondamentale pour nous orienter sur le plan relationnel.

Aux groupes de muscles de l’engagement social en lien avec les cinq sens, il y en a d’autres, moins explicites, peut-être plus profonds

Les muscles de la mâchoire inférieure

Porter une attention à la mâchoire inférieure, ressentir son degré de tonicité, porter l’intention d’un relâchement, sans acte volontaire. D’après mon expérience, si une personne n’a pas commencé à bâiller avant, le bâillement s’impose à ce moment-là. L’image du poisson qui n’a pas de cou, mais des mouvements constants de la bouche peut être un support. C’est important de bien ressentir l’articulation de la mâchoire si présente dans nos interactions à l’autre et en Soi. Cette région mâchoire-cou est un passage plus ou moins souple, ouvert, généreux entre la tête et le corps.

Muscles profonds de l’engagement

C’est la région de la glotte, du larynx, de l’épiglotte, de la trachée, de l’oesophage. Nous ressentons cet ensemble de muscles lorsque nous avalons, déglutissons, toussons, vomissons.

Muscles des sons

 

Bien enraciné, en relation à Soi et son environnement, il s’agit de produire un son en pleine conscience, pas submergé émotionnellement. Pour soi, c’est un acte de centration sonore vibratoire qui fait vibrer toutes les cellules, toutes l’ossature, toutes les articulations et les organes de notre corps.  Le « A » abandonné à la pesanteur, le « A O U M », les « M » et « N » très vibrants, le « AMEN ». Le son participe au partage collectif.

Actuel: le coronavirus a inspiré des gens à chanter d’un balcon à l’autre, d’une fenêtre à l’autre

Le bâillement

Je l’ai évoqué; il me paraît important de s’y arrêter. Il y a bien sûr des règles en société. Quand il advient et qu’il y a un espace de liberté, nous gagnons à accueillir ce cadeau, ce mouvement d’ampleur du coccyx au sommet de la tête, des bras et des jambes, suivi d’une grande détente. Si la situation le permet, nous gagnons à accueillir les sons qui peuvent l’accompagner

Les articulations

Nous gagnons à leur porter une attention particulière

Voilà quelques lignes écrites spontanément lors de cette première journée de confinement et qui prennent source dans mes expériences psycho–corporelles vécues dans « la voie du sentir » de Luis Ansa, la « SE » de Peter Levine, l’expérience « ISP » avec Linda De Bodt, celle de la méthode Alexander avec Tine Gherardi, la méditation zen japonaise, la méditation zen selon Thich Nhat Hahn et la méditation du bouddhisme tibétain selon Tarab Tulku. Pour les sons: Iégor Reznikov.

Ces apports peuvent, selon mon expérience toute subjective, être d’une grande aide pour favoriser le processus d’individuation que propose Carl-Gustav Jung

Le 19 mars 2020 / J.-J.