L’enjeu des « Mots » posés lors de bilans

par | 21 Juil 2016 | Archives => 2023

On ne rend service à personne en jouant
les réducteurs de « têtes »

Les résultats des bilans proposés sont « conformes », heureusement puisqu’ils sont là pour mettre des mots sur des fonctionnements étalonnés grâce à des référents, ce qui automatiquement standardise les résultats.

Se glissent cependant souvent dans les conclusions… des affirmations telles que

(le groupe des)  » Hyper « .… -réactivité, -esthésie, – activation, – vigilance…. qui sont présentés comme des éléments « normaux et naturels » de reconnaissance d’un fonctionnement à HP.

Ahhh !!!
et que fait-on des personnes testées et reconnues à HP

… qui cependant  ne répondent pas à la cohorte des « hyper » ?

Leur pensée est fluide et canalisée…. en un mot elles ne sont pas « branchées » 24h sur 24H sur un processus de pensée et ne sont pas « despotées » par un mental envahissant. Elles aiment réfléchir mais ne présentent pas d’addiction à ce mode de faire. Elles ont une belle sensibilité, mais ne sont pas « persécutées » par leurs sens…. Elles ont des réactions rapides, mais sont tout aussi capables de retrouver leur calme si cela ne les concerne pas… en bref équilibrées et à HP…

Alors que révèle le monde  « Hyper » du HP ?

Bonne question… les termes: réactivité, esthésie, activation, niveau de vigilance, ont  en commun d’appartenir d’abord au monde corporel.

En conséquence, je ne peux adhérer à une vision qui cliverait la dimension psychologique de la dimension corporelle en arguant que d’être « hyper » est « normal » .

Chaque événement vécu déroule une multitude d’ajustement, réactions et actions : Sur le plan locomoteur, ce sont tous les remaniements posturaux, jeux toniques (tonus postural et tonus d’actions), coordination, qui mêlent des schèmes précablés (réflexes par exemple) […] Le système nerveux, étroitement intriqué au précédent, assure un travail de synthèse et de régulation constant, construit des représentations qui aboutissent à la conscience, au langage, intégrant les mémoires et soutient également les décisions, anticipations, évaluations.

Benoit Lesage, Jalons pour une pratique psychocorporelle, Toulouse, Edition érès, Coll. l’Ailleurs du corps,  2012, p. 20

 

Il me semble que les aspects du développement psychomoteur ne sont pas suffisamment pris en compte dans l’analyse des résultats de bilan cognitif et émotionnel. Souvent sont confondus la sensation et les sentiments qui s’en dégagent. « Les neurologues qui se penchent sur la question de la conscience et intègrent l’émotion dans leur théorisation, c’est que la part du corps est essentielle, tant dans la formation même du psychisme que dans le fonctionnement quotidien, lequel mêle émotions, affects et cognition. » B. Lesage

Plusieurs cliniciens et chercheurs démontrent ce phénomène comme par exemple :

I. Rosenfeld citant plusieurs exemples cliniques avec comme conclusion : l’importance fondamentale du corps comme cadre de référent absolu pour le cerveau ( I. Rosenfeld, Une anatomie de la conscience, l’étrange, le familier, l’oublié,  Paris, Flammarion, 1992).

Olivier Sacks relate aussi de nombreux exemples, dont celui d’une jeune femme atteinte de neuropathie sensorielle et conclu :  » .. en perdant son sens proprioceptif, elle a perdu l’ancrage organique fondamental de son identité.  Cette jeune femme éprouvait des angoisses majeures, qui allaient jusqu’au souvenir d’elle-même avec de graves entraves à sa capacité de régulation tonique et posturale. (O. Sacks, L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, paris, Le Seuil, 1986).

Hyper n’est pas synonyme de « à HP »

Je reste convaincue que si l’on souhaite faire un lecture adéquate d’un test de QI (soit en présence d’un fonctionnement HP , soit en présence d’une hétérogénéité dans les résultats), il est fondamental d’interpréter les résultats en lien avec un bilan psychomoteur qui peut révéler des étapes de développement inachevées, voir manquantes. Ces manques vont inévitablement se marquer sur les capacités émotionnelles et cognitives des individus et se révéler lors des tests. Cet éclairage  permet de mieux comprendre et agir sur « le monde de l’hyper » dans l’Univers des hauts potentiels ….

En sachant par exemple que :  Le traitement de l’information sensorielle, parfois nommé intégration sensorielle, réfère au processus par lequel le cerveau reçoit un message par le biais des sens et le transforme en réponse comportementale adaptée.

Notre expérience clinique démontre que tous les enfants testés à HP et présentant des « hyper.. » présentaient un trouble au niveau du traitement de l’information sensorielle entre autre….., élément n’étant malheureusement pas réservé aux personnes à HP !!!

Après traitement, les aspects « hyper » avaient disparu, laissant la place à un individu équilibré, à HP et équilibré…. CQFD