Me trouvant une fois de plus devant un choix à faire, éprouvant de la difficulté à les exprimer, il m’est apparu intéressant de chercher de l’appui dans le livre » les surdoués et les autres » de Tinoco & Cie… en ouvrant « au hasard »…
Voilà que je tombe sur l’histoire de :
L’âne de
Buridan
« Connaissez-vous cette histoire frivole
D’un certain âne illustre de l’école?
Dans l’écurie on vint lui présenter
Pour son dîner deux mesures égales,
De même forces, à pareils intervalles;
Des deux côtés l’âne se vit tenter
Également, et, dressant ses oreilles
Juste au milieu des deux formes pareilles,
De l’équilibre accomplissant les lois,
Mourut de faim, de peur de faire un choix.
Voltaire , la pucelle d’Orléans ,
oeuvre en 21 chants, chant XII, vers, 16 et sq.
Oeuvre complète de Voltaires, t. XI, PAris, 1784
J’accompagne depuis de nombreuses années des personnes atypiques, leur donnant accès à leurs différences de fonctionnement, répétant encore et encore à quel point il est intéressant de le comprendre afin de pouvoir faire la part des choses entre son histoire et ses spécificités, etc
Oubliant face à une situation complexe la B.A. BA… faire la part des choses entre moi, mon fonctionnement et l’autre…
…me voilà bien mal chaussée…
De prime abord, face à la situation traversée, la question du choix n’est de loin pas ce qui me semblait poser problème. La vie ayant mis sur mon chemin ce texte, allons-y voir. Retournons dans le monde des atypiques.
Choisir…. ou surtout entrevoir les possibles, donner du sens, explorer des virtualités et surtout dans mon cas, être au plus juste de la vie. Besoin d’identifier les limites, poser un cadre, respecter mes valeurs me met en situations de “trouble-fait” voir “trouble fête”, le pinailleur, l’instable, l’insupportable, le “stroumpf à lunette” quand tout va bien. Si la violence ressentie lors de mon propos, “qui me parait innocent”, vient soulever trop de questionnements, de compromis, de “boutiquages” chez l’autre, je deviens la personne à abattre ou à classer dans la catégorie des “fous”.
Jean Baptiste Monge
Cette violence faite aux autres et à moi-même a généré des inhibitions fortes, l’impossibilité de penser pour moi-même, le besoin d’être “sauveur”, puis compris, puis conciliant, en un mot, précipité dans un monde de fonctionnement très adolescent, penser comme les autres ou être exclu.
Drôle de sentiment, de sensation, piégée dans un chaos infini, sans solution.
C’était sans compter la puissance du lien à la vie qui me permet de délier l’absurde, de renouer avec le vivant accueillant ses solutions inattendues. Je fus placé face à un choix…..
Réintégrer un monde mature ou pas !!!
J’ai clairement choisi de grandir, le reste à suivi tout seul. Ce fut le cas depuis le début de la situation complexe vécue, par contre ce choix de grandir à disparu, m’a semblé perdu au moment même où le lien à moi-même a disparu sous l’assaut du “collectif”, en bref un groupe. S’imposait à moi de façon prégnante un besoin de changement, j’ai réouvert les possibles, le monde s’est redessiné dans toute sa grandeur et sa splendeur, monde de beauté. J’ai pu constater que pas une étape ne fut manquée, pas une étape ne fut superflue, toutes m’ont mené inexorablement devant ce choix, qui n’en fut plus un, c’était devenu une évidence : devenir libre de ma pensée.
Le chemin ! à chaque étape, lâcher pour accepter d’aller explorer momentanément comment c’est de…. ne pas être docile, ou sauveur ou dans l’évitement ou, ou, ou…… Errer dans les différents états, laisser émerger les faux-semblant, les croyances comme :
- Soit tu es solidaire, soit tu es un traître….
- Soit tu es gentil, soit tu es méchant
- Etre toi-même c’est être un trouble-fait….
- Tu as le choix entre “fou”- fou” et accepté ou docile et inhibé
- …
Geluk
Sortir du monde duel des comportements adolescents. Monde fait de tout ou rien, de fausses alliances pour gagner du pouvoir, d’absolu tellement proche de toute forme de croyance. La peur d’être rejeté, pas écouté, dévalorisé, monde ou les blessures et souffrances sont nombreuses; Actualisées par un événement de vie, toutes ces peurs, blessures ont généré chez moi des comportements de replis.
Le choix ! comme il est complexe dans une situation de découvrir ce qui est le propos de fond. Celui qui permet de se libérer des carcans de l’ignorance, de se dégager de l’emprise de la peur et d’aller y voir. Comme c’est bon de mettre le doigt au bon endroit et de poser ces choix… Je suis entré dans un espace ou la sensation de plénitude et de paix a pointé le bout de son nez… Adulte ?! qui sait. Dans tous les cas, je suis là où je dois être, je suis qui je suis et c’est bien ainsi.
Cela va me mener dans des espaces inconfortables où incompréhension et jugement risquent d’être présents. Au fond de moi résonne cette confiance qui me permet d’être qui je suis.
Je peux ne pas être solidaire sans être traitre, ce sont des questions de points de vue et dans le monde mature, il n’est pas indispensable de penser pareil… au contraire, c’est une richesse que de découvrir les complémentarités.
M’affirmer n’est pas méchant ou revanchard, j’ai juste des opinions. Fonctionner ensemble ! Oui, les différents cadres de lecture vont poser le terrain de jeu, au-dessus de la liberté individuelle il y a les règles, les règles dépendent des valeurs et si à ces différents niveaux il n’y a pas d’entente possible, il reste la loi….
Troubles faits ? possible, je vais au plus près des faits, si cela dérangent… c’est dérangeant. Gardien de mon intégrité, je peux apprendre à communiquer et rester en lien.
Fou ou inhibé ! Juste un brin Atypique…. qui parfois l’oublie et s’y perd……
Nanard, 20 fev. 2019