Agriculture de régénération

Itinéraire en agriculture de régénération A Morin

Nos terres, les découvrir, les sentir, les apprivoiser.

Nous avons récupéré en 2012 une vingtaine d’hectares cultivés de manière traditionnelle et intensive, soit labours et intrants minéraux. Nous avons plongé notre regard sous la surface et découvert les dégâts et richesses de ce qui demeure notre premier partenaire de travail : le Sol

l’Univers est très beau
Mais il n’en parle pas.
Les quatre saisons se succèdent
Selon leurs lois
Mais elle n’en discutent pas.
La création entière se base
Sur des principes absolus
Qui demeurent informulés.

Tchouang Tseu

Premier constat : respecter notre terre en apprenant à mieux la connaître

Au contact d’une mécanisation intensive, l’humus se transforme en CO2.
Le travail de labour de notre prédécesseur confirme ces dires .

Le sol avec moins de 2% de matière organique (humus) est considéré comme désertique.
Il était clair que dans nos sol, des zones correspondaient bien à la notion de “désertiques”.

Le sol “sur-nourri” en matières externes (intrants) fait chuter son volant d’auto-fertilité.
Nos terres étaient pauvres en microfaune, les vers de terre peu présents, en un mot un volant de fertilité pratiquement nul.

Volant d’auto-fertilité : Réserve de matière organique et nutritive que l’on développe en faisant travailler le sol par l’apport de matières organiques en surface ( engrais verts, fumier, compost, pailles…)  que les micro-organismes, micro-faune et vers de terre transformeront et mettront en stock.

Il était évident que nous devions réagir. En 2014 déjà, nous nous sommes tournés vers l’agriculture de régénération et le semis direct afin de faire redémarrer les processus permettant à la vie de reprendre le dessus. Dans plusieurs parcelles nous avons dû y aller progressivement, afin d’éviter un choc trop conséquent pour le sol, il a fallu apporter des intrants jusqu’à ce que la terre puisse d’elle-même faire le travail.

Un documentaire de A2C passionnant : Humus un espoir oublié

L’agriculture de régénération

s’appuie sur 3 piliers 

La réduction, voire la suppression du travail du sol, le semis direct en étant l’aboutissement.

L’implantation de couverts végétaux améliorant les échanges, les semis se faisant, si possible, directement à travers la masse végétale.

Les rotations culturales

Notre préoccupation première fut de trouver des itinéraires techniques permettant de reconstituer de l’humus. Plutôt faciles à concevoir, leurs réalisations furent une autre paire de manche.

Ces façons de faire représentaient une vraie révolution dans nos pratiques. Elles se situaient à des années lumières de ce qui fut appris en école d’agriculture. Il fallut changer notre regard sur la notion de “labeur”, de rendement, accepter les critiques, ce fut une révolution culturelle.  Nous nous sommes trouvés devant un nouveau métier où tout était à apprendre.

Guide des couverts végétaux 2016

Nous cumulons sur notre exploitation,

comme beaucoup, de multiples contraintes dont deux principales :

La géologie : des têtes de chats  (affleurements rocheux calcaires), qui sous l’effet d’un travail du sol autre que “légèrement gratter” fait ressortir par tonnes les cailloux.  Nous devons les ramasser à la main afin de ne pas détruire les machines et permettre une levée correcte de nos cultures .

L’altitude : 800m, ce qui complique la donne quand à la mise en place de culture intercalaire.

La qualité de nos produits reste un thème majeur, respecter tous les acteurs du sol demeure fondamental. Relier tous ces paramètres va bien au delà des “y a qu’à….”

Quand nous avons repris nos nouvelles terres, des têtes de chat affleuraient parfois sur  plusieurs dizaines de centimètres. La vie du sol était bien atteinte. Nous constations des semelles de labour, des pertes de matière organique, un volume très faible de vers de terre et des autres micro-organismes dans la terre.  Nous avons eu l’impression de reprendre un “patient aux soins intensifs”.

Stocker de la matière organique inerte ne suffit pas pour que le sol se régénère. La fertilité d’un sol dépend avant tout de son activité biologique issue d’un processus de dégradation du substrat et grâce au recyclage des molécules organiques complexes en substances accessibles pour les plantes. C’est bien cette activité qui crée un volant d’auto-fertilité  et reconstitue la vie du sol, plus que la dépose d’intrants.

Nous sommes très sensibles à la qualité du terrain. Une partie de l’humus (MO) s’envole dès que l’on affaiblit la cohésion du sol.

Suite a un mini grattage du sol de 3 cm……Sont pas beaux nos cailloux !

Celle-ci représente la capacité des particules du sol de surface à être maintenues ensembles par diverses substances organiques. Les organismes du sol augmentent, en quantité et en variété des espèces représentées, lorsque le sol n’est pas perturbé.

Le sol en tant que terre cultivable est bien plus qu’un simple support à l’implantation d’une culture. Il est un espace vital. Les “itinéraires techniques” sont de plus en plus mécanisés et complexes, distants de la vie du Sol. Le regard posé est souvent superficiel – au sens littéral du terme.

Nous nous sommes équipés de nouveaux outils, semoir adapté, rouleaux, herses etc.. et avons  expérimenté les types de couverts végétaux adaptés à notre région. A savoir qu’en grande culture votre essai dure 1 année, avec la possibilité d’un rattrapage éventuel au printemps….1 an, ça peut être très long…quand ce n’est pas dans le tir…..

Nous nous sommes mis aux rotations de culture avec des engrais verts intercalaires. La rotation culturale est un élément important de l’amélioration de la fertilité des sols permettant, en parallèle de la vie du sol, l’augmentation des rendements. Notre métier est de nourrir la population “d’abord – aussi”….

Notre idéal s’appuie sur l’idée d’un gagnant – gagnant. Le rendement fait partie de ce qui deviendra notre salaire !

 Ramener la complexité à l’essentiel, c’est tout un chalenge en soi