Le sol et ses habitants

Le sol un Allié insoupçonné

 

En agriculture, le sol est un allié parfois sous-estimé. Il est le substrat sur lequel nos plantes poussent mais pas seulement…

Pour que le sol reste sain, il faut offrir à ses “habitants”, les animaux, champignons et bactéries qui y vivent, de quoi se nourrir et se loger. Un système agricole dynamique repose sur une collaboration entre les plantes et les multiples organismes qui vivent dans le sol! On estime qu’un sol en bonne santé devrait contenir de 3 à 4 tonnes d’organismes vivants à l’hectare.

Première question : 

Pourquoi s’être tourné vers l’agriculture régénérative avec le semis direct ?

Tout simplement parce que ces techniques culturales répondent efficacement aux enjeux pédoclimatiques, (lien entre le sol et le climat), à la nature de nos sols, et qu’elles respectent la vie qui s’y trouve. Autant de raisons qui nous ont convaincus.

Le sol

Un sol en bonne santé abrite une multitudes d’organismes vivants qui lui donnent la possibilité de s’adapter, de se régénérer et de nourrir nos plantes. La nourriture principale de ces animaux, champignons et bactéries est la matière organique produite par les plantes. Il est important de laisser assez de résidus végétaux sur et dans le sol après la récolte pour qu’ils aient de quoi manger. Pour que ces organismes puissent s’installer durablement, il faut aussi que leur habitat soit stable.  La plupart d’entre eux n’apprécient pas particulièrement de se faire retourner à chaque labour. Une autre raison fondamentale ayant mené au semis direct ce sont les conditions pédoclimatiques, ce qui veut dire : la structure même du sol sur le domaine.

 

Partie Organique

La matière organique du sol s’exprime comme une matière carbonée provenant de la décomposition et du métabolisme des végétaux, des animaux, de la faune microbienne et fongique. Elle constitue l’humus.

Composition, horizons et structure

Le sol a une structure et une composition différentes selon la roche mère sur laquelle il s’est développé et les types de processus qui ont mené à son développement. Ces caractéristiques sont donc intrinsèques à chaque lieu et même au sein d’un seul lieu. La structure et la composition du sol sont rarement homogènes. L’horizon, ou profil d’un sol, nous donne des indications sur sont état structurel et fonctionnel.

Le sol est composé d’une partie minérale et d’une partie organique qui s’interpénètrent.

Partie Minérale

Les minéraux sont classés selon leur taille (granulométrie), du graviers > 2mm à l’argile <2μm en passant par les sables et le limon. L’analyse d’un sol va mesurer le taux de pourcentage des uns par rapport aux autres. Ces éléments constituent le “squelette” et donnent des indications de densité du sol : on parle de la lourdeur du sol qui va influencer la façon de le cultiver

Comme le domaine “La Perrière” est situé sur une ancienne moraine, la plupart des parcelles sont particulièrement caillouteuses, voire à quelques centimètres seulement de la roche mère. Le sol du domaine n’est ni très profond ni très lourd, le semis direct s’y prête donc bien. Grâce à celui-ci on évite le labour et par la même occasion, on s’épargne quelques heures de ramassage de cailloux!

Horizons et structure

Dans un sol, les particules d’argile, sable, limon et matière organique s’organisent en agrégats qui sont traversés de pores de différentes tailles. Les pores grossiers créés par les vers de terre permettent les transports et échanges dans le sol. Le passage des racines est facililté ainsi que le drainage en cas de forte pluie. Les pores plus étroits servent à garder de l’eau et offrent un habitat à des organismes plus petits (champignons, bactéries, nématodes, …).

Les agrégats et les pores se forment naturellement dans un sol vivant, notamment grâce aux vers-de-terre. Ce sont les As du Labours. Il transportent la matière organique produite en surface par les plantes jusque dans les couches plus profondes, où des champignons et des bactéries vont finir de la digérer pour qu’elle soit disponible pour les prochaines cultures.

Vers de Terre et Cie

Le sol est habité par une multitude d’organismes vivants. On considère qu’un sol sain contient de 3 à 4 tonnes d’organismes par hectare!  On trouve aussi bien des vers de terre et des insectes que des champignons et des bactéries.

Il existe trois sortes de vers de terre.

  1. A la surface, on trouve les épigés qui sont des petits vers de terre qui aiment la matière organique. C’est ceux-là qu’on trouve dans le compost.
  2. Dans les 20 premiers centimètres du sol, on trouve les endogés. Ils mélangent la matière organique avec la terre. Le labour ne les dérange pas particulièrement et ils continuent de faire leur travail coûte que coûte tant qu’ils ont à manger!

3. Les anéciques sont les vers de terre qui descendent le plus profondément (jusqu’à trois mètres). Ils sont plus gros et permettent à l’eau de s’infiltrer jusqu’en profondeur. Par contre, ils n’aiment pas beaucoup le labour surtout si celui-ci donne lieu à une semelle de labour (couche tassée due au passe de la charrue et des machines) qui les empêche de passer.

La micro faune participe au processus de dégradation de la matière organique afin de la transformer en humus. De la limace aux nématodes, tous ont un rôle dans la chaîne alimentaire.

Dans le cycle, il y a des super “héros”, les azotobacter et rhizobium. Leur travail est formidable : on les retrouve dans  Le cycle de l’azote

Deuxième question :

Ça sert à quoi un sol ?

Le sol remplit de multiples fonctions. Ses capacités de régulateur hydrique et biochimique sont importantes en agriculture, puisque cela permet aux plantes de pousser dans de bonnes conditions. Un sol sain va aussi absorber beaucoup de gaz à effet de serre, dont le CO2. Mais il ne faut pas oublier que, pour qu’un sol puisse remplir ses fonctions au mieux, il est vital qu’il ait un taux de matière organique assez élevé.

La planète en tant que sol nous permet de vivre sur sa surface, nous humains qui ne sommes qu’une infime partie de l’écosystème qu’il abrite. Il respire et travaille en symbiose avec tous les organismes.

Il participe activement au cycle de l’eau. La retenue de l’eau dans le sol joue un rôle majeur en agriculture. La réserve utile, (quantité disponible d’eau dans le sol), permet la croissance des plantes au cours des saisons. Cette réserve alimente aussi les mares, tourbières, ainsi que toute retenue d’eau qui va participer à la vie présente dans ces milieux.

Il est une zone tampon extraordinaire en terme de régulation bio-chimique, filtration, stockage, dépollution, qui font partie de ses capacités premières.

Finalement il nous nourrit grâce aux productions des céréales, graines, fruits, légumes qui participent au cycle de la vie.

A ce stade on peut se demander quelle est la relation entre ” l’état structural” et les “fonctions du sol”.

Fondamentalement pour qu’un sol puisse garantir ses “fonctions” il se doit d’être vivant. La boucle est bouclée. Un sol vivant possède de la matière organique qui …..

Une chose est sûre, le sol, depuis des milliers d’années, a trouvé des solutions aux problèmes que la vie lui a posés… le laisser faire c’est tenir compte de son génie d’adaptation et de création. La voie vers un travail minimum du sol est ouverte.

Question trois : on le protège comment le sol ?

Dans l’agriculture, ce sont les techniques culturales qui font la différence. Il en existe plusieurs. Les plus connues sont les techniques conventionnelles avec labour et les techniques biologiques avec labour. Il existe une autre façon de faire où on évite ou réduit le labour: les techniques culturales simplifiées, le semis direct en sont une facette.

Un travail du sol réduit au strict minimum
Un sol couvert en continu
Une rotation des cultures

Sol couvert en continu

Pour que le sol reste à l’abri du soleil, du vent et des précipitations (qu’il n’aime pas plus que nous quand il n’est pas protégé), on va essayer de le maintenir couvert continuellement. Pour que cette couverture soit la plus continue possible, on utilise des plantes compagnes et des engrais verts.

Colza semé avec des plantes compagnes : Niger et sarrasin

Les plantes compagnes sont des plantes semées en même temps que la culture principale (par exemple du colza). Elles ne seront pas récoltées mais elles vont protéger notre culture contre les attaques (le niger attire les limaces et évite qu’elles ne mangent le colza) et lui apporter des éléments nutritifs (les légumineuses comme la lentille fixent de l’azote qui bénéficie aussi au colza).

Engrais vert pour couvrir et nourrir le sol avant la prochaine culture

Un engrais vert est une association de différentes plantes qui vont fabriquer de la matière organique (qui nourrira le sol par la suite), extraire des éléments nutritifs des couches inférieures du sol (pour nourrir la culture suivante) et surtout, couvrir le sol jusqu’à ce que la culture suivante soit semée en fin d’automne ou au printemps suivant.

Pour en savoir plus : Technique culturale simplifiée

Limiter les pertes de matière organique

Sujet peu « ragoûtant »… et cependant tellement essentiel.

Si l’on veut limiter durablement et à grande échelle la perte de matière organique dans les sols, il est important de récupérer celle qu’on perd actuellement et de la réutiliser dans le système agricole. C’est à dire, ce qui arrive jusque dans vos assiettes et qui ressort dans vos toilettes.

DR Photo d’illustration

Une majeure partie de la matière organique perdue avec la récolte se retrouve dans les boues d’épurations. Actuellement ces boues sont majoritairement brûlées, donc transformées en CO2. Cette matière organique est perdue pour nos sols et nos plantes et le CO2 produit finit dans l’atmosphère avec les autres gaz à effet de serre…

Des solutions pour sauver ces boues de l’incinération sont développées, comme cet exemple d’un immeuble genevois dont les eaux usées sont lombricompostées (voir l’article). Il ne reste plus qu’à mettre en pratique à grande échelle!

Pour les enfants : objectif-sol

Pour les curieux :  Jonathan Dumas explique plein de phénomène chimique, dessin à l’appui, c’est super clair.

En lien directe avec le sol : Gessol, Union Suisse des Paysans, OFAG

 

Chloé et Geneviève LB, (révision dec. 2019)